Histoire de Festes et Saint-André

 

La commune de Festes et Saint-André correspond au bassin supérieur de la Corneilla, rivière qui prend sa source en amont du hameau de Courtapla à 680 m d’altitude. D’une superficie de 1807 hectares, ce territoire de moyenne montagne, culminant à 746 m, est fortement structuré par d’imposantes serres orientées est-ouest, dont les pentes escarpées sont aujourd’hui recouvertes de forêts. Le relief s’estompe quelque peu à l’ouest aux alentours des hameaux de Festes et du Cazal où se concentre désormais l’essentiel du finage agricole. Ces conditions naturelles ont favorisé le développement d’un habitat dispersé, la population étant essaimée en petits hameaux établis sur les rives de la Corneilla ou du ruisseau de Besse : Festes, le Cazal, Saint-André, Besse, Courtapla et Fabier, ou dans des écarts occupant les abords d’un talweg ou un rare replat du relief : En Pas, En Durou, En Gious, Marsès, Lafite, Bellevue.

On ne dispose d’aucune information archéologique se rapportant à l’occupation du territoire communal aux époques préhistoriques, protohistoriques et antiques. La documentation se rapportant à l’histoire médiévale est malheureusement assez pauvre et ne permet guère d’appréhender les principales évolutions de l’habitat et du peuplement. Il apparaît en tout cas qu’au Moyen-âge Festes et Saint-André de Besse constituaient deux paroisses et deux seigneuries distinctes qui ne furent réunies qu’à la fin de l’époque moderne.

Le lieu de Festes est mentionné pour la première fois en 878 dans un diplôme de l’empereur carolingien Charles le Chauve, par lequel ce dernier donne à Oliba, comte de Carcassonne, plusieurs possessions fiscales dont Festes. Les comtes puis vicomtes de Carcassonne possédaient également des droits sur la villa Besse. En 1134, la vicomtesse Cécile, ses fils Roger de Béziers, Raimond Trencavel et Bernard Aton, en firent donation à l’Hôpital Saint-Jean de Jérusalem. Quelques mois plus tard, c’est le vicomte de Razès Guilhem d’Alaigne qui céda à l’ordre religieux militaire tout ses droits sur cette localité. Au cours des décennies suivantes, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dont la commanderie se situait à Magrie, acquirent d’autres possessions aux alentours de Besse, notamment à Casalils (Cazasiels). Il apparaît toutefois que les Trencavel avaient conservé des droits supérieurs sur la villa de Besse, puisqu’un inventaire des possessions du vicomte Roger de Béziers en Razès mentionne celle-ci ainsi que le droit d’albergue (droit d’hébergement que le vicomte pouvait exiger chaque année) qu’il percevait à Festes.

On ne connaît pas l’origine des églises paroissiales Sainte-Marie de Festes et Saint-André de Besse qui ont toutes deux conservé des élévations de la période romane (XIe-XIIe siècle). Il ne fait aucun doute que ces deux sanctuaires sont à l’origine d’un regroupement de la population dans ces deux hameaux. Mais les nombreuses destructions et modifications de la topographie de ces villages intervenues à l’époque moderne ne permettent pas d’appréhender leur organisation à l’époque médiévale.

L’ancienneté du château de Festes se déduit de la présence d’un lignage seigneurial portant le nom de cette localité. Au début du XIIIe siècle, ce lignage comptait plusieurs chevaliers, vassaux des Trencavel et fervents adeptes de l’hérésie cathare qui assistaient à Fanjeaux aux prédications du bonhomme Guilabert de Castres, on connaît ainsi les noms de Guilhem de Festes, Guiraud de Festes, Esclarmonde, mère du chevalier Bernard Hugues de Festes, Orbria et son mari Roger de Festes, et leur fils Gaillard de Festes. En 1223, Esclarmonde fut supérieure d’une communauté hérétique. En 1229 elle se retira avec Orbria et ses autres compagnes à Montségur. Les seigneurs de Festes, farouchement opposé à l’Eglise catholique et au roi de France, furent comme les Trencavel et une grande partie des autres lignages méridionaux, dépossédés de leurs biens suite à la croisade contre les Albigeois. La seigneurie fut alors attribuée en même temps que la seigneurie de Mirepoix et de nombreuses autres localités du Razès, du Sabarthès et du Quercorbès, à Guy de Levis, seigneur francilien distingué du titre de Maréchal de la Foi en récompense du zèle dont il avait fait preuve auprès de Simon de Montfort et des autres croisés. Cet ensemble territorial prit dès lors le nom de « Terre du Maréchal.» Par la suite, les seigneurs de Mirepoix inféodèrent la seigneurie de Festes à la famille de Lantar. Au milieu du XIVe siècle, Guilhem Hunaud de Lantar lègua celle-ci à Robert de Rivière.²

En 1358, la peste décime la population d’une grande partie de l’Europe, le Languedoc n’est pas épargné qui perd alors entre le tiers et la moitié de sa population. Jusqu’alors très populeuses, les campagnes du Razès se vident d’autant plus que le contexte d’insécurité imputables à la guerre de Cent Ans incite une partie des survivants à se réfugier dans les villes et les bourgs fortifiés. Les rares informations démographiques dont nous disposons pour cette période nous apprennent que Festes dénombrait 15 feux (soir environ 75 habitants) en 1371 et seulement 8 feux (40 habitants) six ans plus tard. On ne dispose par contre d’aucune information concernant Besse et Saint-André. On ignore également si ces villages étaient fortifiés.

En 1486, une transaction fixe le taux des redevances en nature que les habitants de Festes doivent acquitter au seigneur du lieu pour les céréales, raisins et autres fruits produits dans ce territoire. Chaque habitant était tenu d’effectuer chaque année deux jours de corvée de fouissage dans les champs et vignes du seigneur. Au début du XVIe siècle, la seigneurie de Festes intègre par mariage le patrimoine de la famille de Montfaucon originaire du Couserans (Montfaucon est un hameau de la commune de Moulis, situé non loin de Saint-Girons dans le département de l’Ariège). C’est un membre de ce lignage qui, vers les milieu du XVIe siècle fit agrandir le château médiéval en faisant édifier la tour ronde et le mur d’enceinte joignant celle-ci au donjon, le tout défendu par des bouches à feu. De cette période datent également les fenêtres à meneaux et croisillons ajourant l’étage du donjon.

A l’instar de nombreux autres villages du Razès, Festes subit les affres de Guerres de Religion. Le 3 février 1576, le Sieur de Tournon, près de Castelreng, mène une incursion à la tête d’un groupe de protestants, s’empare de Festes, se saisit de tout le bétail et massacre une partie de la population. Il est très probable que Saint-André ait également été victime de cette guerre. L’église du lieu conserve en effet un cloche datée de 1603, ce qui fait présumer qu’à l’instar de la plupart des églises du Haut Razès, celle-ci fut incendiée et partiellement détruite par les Religionnaires.

Vraisemblablement édifiée au cours du XVIe siècle, la maison à pans de bois située sur la petite place de la mairie nous rappelle qu’à cette époque les habitations rurales étaient édifiées en terre et en bois, ce qui les rendaient particulièrement vulnérable aux incendies. Presque tous ces édifices ont depuis longtemps disparus, victimes des guerres ou remplacés par des maisons en maçonnerie de pierre, ce qui confère à la maison de Festes un caractère d’autant plus exceptionnel.

 

Les recherches effectuées en 1594 afin d’établir l’assiette de la taille dans le diocèse d’Alet établissent que les lieux de Festes et de Saint-André étaient alors réunis en une même circonscription. On y dénombrait alors un total de 57 maisons réparties dans les deux localités ainsi que dans les métairies d’En Pas, des Bourrels et autres. Elles font état du château et d’un moulin farinier actionné par l’eau de la Corneilla.

Le compoix rédigé en mai 1622 afin d’établir l’assiette de la taille sur le territoire de Festes et Saint-André montre que l’économie locale était de type agro-pastorale, les champs étaient essentiellement voués à la culture des céréales, même si l’on dénombre quelques vignes. Il y avait de nombreuses bordes ou bergeries sur le territoire, les lieux de Marsès et de Co d’En Pousol constituaient de véritables hameaux pastoraux. Le compoix témoigne également d’un essor démographique, puisqu’il dénombre un total de 123 maisons : 15 maisons à Festes, 28 au Cazal, 42 à Saint-André, 5 à Co d’En Pas, 1 à Co d’En Coste, 7 à Cortalpla, 6 à Co d’En Favie (Fabié), 4 à Langla, 3 à Co d’En Sautes, 2 al Barri d’En Lort, 4 à Come Clare, 2 à Fomonie, 1 al Cotiu, 1 à Co d’En Barte, 1 à Co d’En Borges, 1 à Come Gaubert, 1 à Come al Boits.

L’expansion démographique se poursuivit jusqu’au milieu du XIXe siècle, la commune atteignant son apogée en 1836 avec un total de 671 habitants. Par la suite, l’industrialisation de la société et l’exode rural qui s’ensuivit entraînèrent un déclin progressif de la population. En 1968, celle-ci ne comptait plus que 105 habitants. Fort heureusement, ce processus de désertification s’est interrompu avec l’arrivée de nouveaux “colons” et la population a depuis plus que doublé, atteignant 213 âmes lors du recensement de 2006.

source :

Étude historique et archéologique pour la mise en valeur du patrimoine bâti de la Communauté de Communes du Pays de Couiza

Extrait du rapport final

COMMUNE DE FESTES-ET-SAINT-ANDRÉ

AUTEURS DU RAPPORT :

  • Frédéric LOPPE, Docteur en Archéologie médiévale, 16 avenue des Cépages, 66300 THUIR. Tél./Fax : 04.68.51.47.70. Port. : 06.83.89.53.75. E-mail : fred.loppe@wanadoo.fr.

  • Rodrigue TRÉTON, Docteur en Histoire médiévale, 1, Carrer del Pous, 66320 RODÈS. Tél. : 04 68 05 78 22. Port : 06 60 40 01 96. E-Mail : rodrigue.treton@free.fr

ORGANISME DE RATTACHEMENT : Association Amicale Laïque de Carcassonne/ALC Archéologie, 87 rue de Verdun, 11000 Carcassonne.